La clarté des dialogues au Cinéma et à la Télévision

8 Janvier 2017

La clarté des dialogues au Cinéma et à la Télévision
 
A chaque fois que je regarde des films anciens, qui datent de l’époque analogique ou le Preneur de Son cinéma  mixait et rendait le dialogue sur une piste, ou les étapes de fabrication du Son étaient  destructrices et les outils à tous les niveaux moins performants,  j’ai la facheuse impression que la compréhension et l’intelligibilité des dialogues sont meilleurs que sur beaucoup de films Français d’aujourd’hui.
C’est une réalité que dénonçait déjà Aurélien Ferenczi dans un article de Télérama en 2009 intitulé « il y a des Sons qui se perdent… »

Les propos recueillis auprès de professionnels de la Prise de Son et du mixage au cinéma étaient éloquents :

« Les premiers responsables ? Ce sont les comédiens; Il y a quarante ans, les comédiens articulaient, y compris pendant les pas­sages chuchotés ou dans les scènes d'émotion. Et on comprenait tout... » Géard Lamps
«Certains acteurs connaissent mal leur texte, ce qui donne à leur voix une grande fragilité » Guillaume Sciama
« Le son direct est un véritable culte, hérité des années 60, il est le garant du réalisme, mais celui-ci doit avoir des limites, ce que le cinéma américain a bien compris. » Imaginons le brouhaha d'une foule et la caméra qui s'approche des deux héros perdus dans cette multitude. « A ce moment-là, explique François Groult, le cinéaste américain coupe le son d'ambiance, pour se concentrer sur les deux acteurs et leur dialogue. Le cinéaste français, lui, ne s'y résout pas, au nom d'une certaine idée du réalisme. Au risque de rendre inaudibles les paroles. Pourtant, dans la vraie vie, au coeur d'un lieu bruyant, l'oreille sait sélectionner ce qu'elle a envie d'entendre. Au cinéma, le réalisme passe parfois par ce type de conventions.

Au delà de ces constats, le Preneur de Son est au début de la chaîne de fabrication, il doit être le garant du Son, et ne pas laisser dire par certains réalisateurs « Le son, on pourra toujours le refaire ! » .
Nous avons le Son que nous méritont.
Le métier de Preneur de Son s’est complexifié de part la multitude des tâches à gérer, mais l’objectif majeur est d’écouter le dialogue, de juger son intelligibilité et de se manifester en cas de doute .
Au delà de cela, d’autres causes moins évidentes nuisent au rendu final des dialogues.
Je vous en énumère quelques unes liées au tournage.
           
  • Un dialogue mal écrit et bien articulé sera incompréhensible
  • L’écoute au casque est trompeuse et peut nous laisser penser que le dialogue est bien capté alors qu’il est brouillon
  • Cette même écoute au casque fournie au réalisateur fait que celui-ci n’écoute plus les comédiens jouer, car il focalise trop sur son retour image
  • La pollution sonore et les tournages en MultiCaméras favorisent le recours au micro cravate, qui ne peut retranscrire le Son « plein » et « acoustique » de la perche
  • L’uniformisation du Son favorise aussi l’emploi de ces micros
  • Les reprises en Son seuls sont en voie de disparition
  • Les réalisateurs n’osent pas critiquer les acteurs et les Preneurs de Son n’osent pas se manifester
  • Sans la perche le comédien ne peut plus jouer avec le micro, ou connaître la valeur du cadre
  • Enfin le rendu multipiste conduit parfois à des choix litigieux au montage Son
 
Pour ma part, je n’ai bien évidement pas la prétention d’être meilleur que les autres, mais avant chaque début de Prise j’essaie d’anticiper les problèmes techniques, et pendant la prise je me concentre sur la concision du dialogue et sa clarté pour pouvoir faire reprendre si le contexte si prête, une partie du dialogue ou même parfois quelques mots. 
Cette constante vigilance fait que nous, Preneur de Son, semblons souvent absents, et laissons penser aux autres que nous sommes sourds …
 
Cédric Mariotti
 
 

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